L’affacturage

Selon l’ASF, le poids du poste clients d’une entreprise représente en moyenne 40 % de ses actifs. Pour optimiser la gestion de ce poste, l’affacturage est l’un des moyens les plus rapides et efficaces. Malheureusement, pour de nombreuses entreprises, c’est encore un terme mal compris et d’ailleurs un bon nombre de dirigeants ne connaissent même pas cet outil de financement. Pour d’autres, l’affacturage a une connotation négative qui signifie entreprise en difficulté. Pourtant, c’est bien une manière simple de développer son entreprise et d’éviter le dépôt de bilan pour cause d’impayés clients (25 % sont liés à cela d’après les chiffres). Faisons la lumière sur l’affacturage dans cet article.

Qu’est-ce que l’affacturage ?

L’affacturage ou factoring en anglais est une forme de financement à court terme permettant à une entreprise possédant des créances de toucher leur montant avant l’échéance. Ce financement vient en remplacement des crédits bancaires classiques ou en complément de ceux-ci.

Le principe

Le principe est simple. L’entreprise a des besoins de trésorerie ou en fonds de roulement. Elle cède ses créances à une société d’affacturage ou factor (filiale d’une banque ou d’un groupe financier) lequel avance tout ou une partie du montant des factures cédées dans des délais très courts (entre 24 h et moins de 48 h). À l’échéance des créances, c’est cette dernière qui s’assure du recouvrement et de la relance, le cas échéant. En d’autres termes, c’est la société d’affacturage qui prend en charge tout ce qui est lié aux factures.

À chaque étape de son développement, l’entreprise peut avoir recours à l’affacturage.

  • En début d’activité, l’affacturage permet de pallier une insuffisance de trésorerie ou un refus de crédit bancaire.
  • En phase de maturité et de développement, il sert de financement à court terme.

Le fonds de garantie ou retenue de garantie

Pour prévenir les risques d’impayés (litiges, paiements directs non rétrocédés, émissions d’avoirs ou avoirs non cédés, factures dissoutes ou insolvables, doubles mobilisations, etc), la société d’affacturage se constitue un fonds de garantie qui représente généralement 10 % de l’encours global moyen. Ces 10 % sont prélevés progressivement sur les premières factures jusqu’à ce que le fonds de garantie soit constitué. Ensuite, les autres factures sont remboursées à 100 %. Pour déterminer le montant du pourcentage du fonds de garantie, le factor se base sur plusieurs critères :

  • Le secteur d’activité de l’entreprise
  • La situation financière de l’entreprise et celle du client.

Si le risque d’impayés est faible, le pourcentage peut être de 5 %. Dans le contrat contraire, un pourcentage de 25 % peut être appliqué.

Bons à savoir :

  • L’entreprise a la possibilité d’interrompre à tout moment le contrat d’affacturage, à condition de respecter un préavis de 3 mois. Ainsi, en cas de rupture de contrat ou de non-renouvellement de contrat, le factor rembourse à l’entreprise les sommes qui restent dans le fonds de garantie. Pareillement quand le contrat arrive à son terme.
  • L’affacturage concerne uniquement les entreprises qui travaillent en B to B (business to business). Ce qui veut dire que les factures concernant des particuliers sont exclues de ce dispositif de financement.
  • Généralement, les sociétés d’affacturage exigent que l’entreprise souscrive une assurance-crédit auprès d’elles ou de tout autre assureur pour couvrir les risques d’impayés. Sauf si les clients de celle-ci sont des collectivités et des administrations publiques. Dans ce cas, le risque d’insolvabilité est estimé à zéro. De plus, l’assureur offre un service de renseignement sur la solvabilité des prospects et clients, ainsi l’entreprise évite de commencer ou de poursuivre des relations commerciales risquées.

Les avantages et les inconvénients de l’affacturage

L’affacturage a de multiples avantages. Toutefois, il a aussi ses limites.

Les avantages

Commençons par les avantages de l’affacturage.

Une solution de financement à court terme

Effectivement, l’affacturage permet de :

  • Disposer rapidement des créances pour améliorer la trésorerie
  • Prévenir les risques et se garantir des impayés jusqu’à 100 %
  • Financer le développement de l’entreprise aussi bien sur le plan national qu’à l’international.

Délégation de la gestion du poste clients

Dans ce sens, l’affacturage a pour principaux avantages de :

  • Faciliter la gestion comptable des créances clients : grâce au factor, l’entreprise connaît mieux le risque client.
  • Optimiser la gestion administrative pour se consacrer à son corps de métier. En effet, les tâches du personnel chargé de l’enregistrement des factures, les impayés, les prorogations… sont allégées, de même que les frais d’assurance et les intérêts bancaires en cas de recours à un emprunt.
  • Optimiser la gestion financière en transformant les charges fixes en charges variables

Optimisation de la relation avec les tiers

  • Conserver des relations cordiales avec la banque, notamment si la société d’affacturage en est une filiale
  • Conserver l’exclusivité de la relation commerciale avec les clients à condition que l’entreprise opte pour l’affacturage confidentiel ou affacturage non notifié.

Les inconvénients

Concernant les inconvénients de l’affacturage, on peut citer :

Un coût élevé

Effectivement, les différents frais et commissions inhérents à l’affacturage sont plus ou moins élevés. Ainsi, cette solution de financement peut être inintéressante dans certains cas et pour certaines entreprises.

Détérioration de la relation avec les clients

Dans le cadre d’un affacturage classique où les clients sont notifiés de l’opération d’affacturage, ceux-xi peuvent se sentir mis à l’écart, voire humiliés. D’autant plus que le factor emploie rarement les formes pour relancer les créances.

Perte de clients

Sur le long terme, certains clients peuvent se tourner vers la concurrence pour avoir des relations plus humaines avec leurs fournisseurs.

À qui s’adresse l’affacturage ?

Comme on l’a dit plus, l’affacturage s’adresse aux entreprises qui travaillent en B to B et qui ont un numéro Siret, et ce sans distinction de :

  • Secteur d’activité
  • Taille
  • Forme juridique

Ainsi, dès lors qu’une TPE, une PME ou une grande entreprise rencontre une difficulté financière passagère suite à une baisse temporaire d’activité ou évolue sur des marchés en contraction structurelle, elle peut recourir à l’affacturage. Elle peut également y avoir recours si elle se trouve en phase de restructuration ou connait un développement trop rapide. En principe, le factor ne tient pas réellement compte de la solvabilité de l’entreprise (même si elle entre en jeu dans le calcul du TEG), mais se concentre plus sur celle des clients de l’entreprise.

Généralement, 70 % des encours proviennent des ETI et des grands comptes, néanmoins ce sont les PME qui ont le plus recours à l’affacturage pour des sommes modestes.

Les TPE

Pour ces entreprises, le factor apporte ses conseils dans la gestion et le financement des activités.

Les PME

L’affacturage est une solution de financement personnalisée qui permet à l’entreprise d’optimiser la gestion de sa trésorerie et de faire face à des problèmes de financement.

Les grands comptes

L’affacturage est une solution de financement alternatif qui permet de sécuriser le financement des activités et rassurer les partenaires financiers.

Comment se déroulent les opérations d’affacturage ?

L’affacturage se matérialise par un contrat à durée indéterminée entre les deux parties. Ce document fixe le cadre de la cession des factures et indique le montant des créances cédées. Avant la rédaction du contrat :

  • L’entreprise remet au factor le montant de l’encours global des factures qu’elle envisage de céder
  • Les coordonnées et le numéro Siret des clients concernés.

Le factor analyse alors la situation de chaque client et évalue le risque afin d’avoir une idée du niveau de garantie des créances. S’il y a contrat, dès que celui-ci est signé, l’entreprise :

  • Remet un double des factures qui seront cédées et informent le factor des délais de paiement accordés à chaque client. Cette démarche peut être effectuée par courrier ou en ligne.
  • Ensuite, elle doit informer le client du contrat d’affacturage par la mention de subrogation apposée sur la facture qui lui est envoyée et sur la copie destinée au factor.
  • Puis, pour chaque facture reçue, l’entreprise d’affacturage paie le montant après prélèvement du pourcentage destiné à constituer le fonds de garantie.
  • Les clients paient directement leurs créances au factor lorsqu’elles arrivent à échéance.

Le coût du factoring

Évidemment, le factoring a un coût — comme on l’a dit plus haut — qui correspond aux frais annexes, à une commission de gestion d’affacturage et une commission de financement. Leur montant représente entre 0,9 % et 4 % du montant toutes taxes comprises des créances cédées. Ce TEG ou taux effectif global qui doit être mentionné dans le contrat d’affacturage depuis 2008 dépend de :

  • Le risque d’achat des factures cédées
  •  Le volume de factures cédées
  • Le secteur d’activités : les transports, les ETT et le tertiaire sont souvent considérés comme des secteurs à faible risque, au contraire du secteur médical et de la construction.
  • L’historique et la stabilité financière de l’entreprise : les nouvelles entreprises ou celles avec des ventes instables sont généralement considérées comme des entreprises à haut risque.
  • La solvabilité du client.

Les frais annexes

Les frais annexes regroupent les frais suivants :

  • Les frais de dossiers : ils peuvent se situer entre 20 €. Ces frais peuvent être négociés au moment de la rédaction du contrat d’affacturage.
  • Les frais d’abonnement internet : l’accès au portail de gestion peut être payant en fonction de la société d’affacturage
  • Les frais d’agréments clients : ce sont des frais supplémentaires en cas de dépassement du nombre de demande d’agréments.

La commission de gestion d’affacturage

La commission de gestion d’affacturage correspond généralement à 0,1 % à 2 % du montant du chiffre d’affaires de l’entreprise en fonction de la qualité du dossier. Elle inclut :

  • La recherche des renseignements sur la solvabilité des clients
  • L’assurance-crédit ou la garantie intégrale du risque de non-paiement
  • La comptabilisation quotidienne
  • La gestion des factures, des avoirs, des règlements et des effets de commerce souscrits ou acceptés
  • La surveillance des retards de paiement
  • Les relances et les efforts de recouvrement
  • La détection des litiges
  • Les frais des éditions des tableaux de bord.

Attention, des frais additionnels peuvent être appliqués en cas de demandes additionnelles : factures supplémentaires, remise de quittance, avis de litige, agrément, procédure collective client, gestion de contentieux et annulation de dossier dans les trois premiers mois.

Bon à savoir : la commission de gestion d’affacturage est forfaitaire pour les TPE et doit être réglée mensuellement.

La commission de financement

Elle est calculée sur le temps écoulé entre la date du financement et la date de l’échéance de la facture et concerne uniquement l’argent avancé pendant la durée du contrat d’affacturage. En principe, le taux de financement en affacturage est indexé au taux EURIBOR 3 mois (Euro Interbank Offered Rate) ou au taux EONIA (Euro Overnight Index Average). Par ailleurs, il prend en compte la marge du factor.

Bon à savoir : le taux de financement peut être précompté au moment du contrat dépendamment du délai moyen d’encaissement des créances ou post compté selon la durée de l’avance de trésorerie constatée.

Les différents types d’affacturage

Depuis quelques années, l’affacturage ne cesse de connaître un accroissement phénoménal. En 2016, plus de 268 milliards € de créances ont été achetées, et près de 79 milliards € l’ont été à l’international. Il faut dire que l’affacturage, de par ses différentes formes, répond à tous les besoins.

L’affacturage classique

Comme son nom le laisse suggérer, c’est la forme d’affacturage standard. L’entreprise cède ses créances à un factor en échange d’un paiement des factures avant l’échéance. Les clients sont informés par l’entreprise du contrat d’affacturage via une mention de subrogation apposée sur les factures qui leur sont envoyées.

L’affacturage classique est adaptée aux TPE et PME.

L’affacturage notifié non géré

Dans cette forme d’affacturage appelée également affacturage semi-confidentiel, l’entreprise cède les factures notifiées au factor, mais encaisse toujours directement les factures des clients. De même, c’est elle qui se charge de la relance clients.

L’affacturage notifié non géré est particulièrement adapté aux entreprises qui ont un chiffre d’affaires plus important.

L’affacturage confidentiel ou non notifié

Les clients ne sont pas notifiés de la présence du contrat d’affacturage. De ce fait, l’entreprise garde la gestion du poste clients. À l’échéance de chaque facture, l’entreprise est tenue de régler le factor sous peine de définancement.

L’affacturage inversé ou reverse factoring

Dans l’affacturage inversé, l’entreprise mandate par avance une société d’affacturage pour payer les factures de ses fournisseurs. Ces derniers signent un accord autorisant la société d’affacturage à payer en lieu et place de l’entreprise. Cette technique permet non seulement à l’entreprise de bénéficier d’un acompte commercial, mais aussi de ne pas être en rupture de stock en cas de difficulté financière passagère. À l’échéance normale des factures, l’entreprise règle le factor.

L’affacturage inversé convient parfaitement aux grandes surfaces commerciales et aux entreprises tributaires d’un fournisseur unique.

L’affacturage import-export

L’affacturage export ressemble à l’affacturage classique, à la différence que les clients se trouvent à l’étranger. Dans l’affacturage import, le factor paye le fournisseur étranger et livre la marchandise au client local de l’entreprise en encaissant la créance. Ensuite, il verse le montant de la créance à l’entreprise avant ou après le paiement du client en déduisant sa commission, en fonction des termes du contrat d’affacturage.

Comment choisir son factor ? Les critères

Pour choisir le factor le plus à même d’accompagner l’entreprise dans son développement, celle-ci doit prendre en compte plusieurs critères :

La spécialisation du factor

Pour que la gestion du poste client soit optimisée, il faut que le factor connaisse le secteur d’activité de l’entreprise. Par exemple, certains factors connaissent très bien le fonctionnement des TPE et PME. D’autres sont bilingues voire trilingues. C’est essentiel pour les entreprises qui travaillent à l’international.

La notoriété et l’expérience du factor

L’efficacité du factor aura un impact, non seulement sur l’avenir de l’entreprise, mais aussi ses relations avec ses clients. Pour faire le bon choix, il faut ainsi prendre en compte :

  • La qualité de son service client
  • Le système de gestion de fonds et de financement
  • La réactivité du factor
  • Le taux de réussite dans le recouvrement des factures.

Lire les avis clients sur le site de la société d’affacturage ou ses références permet d’avoir une idée de son niveau d’efficacité.

Le coût de la prestation

Avant de signer le contrat d’affacturage, il est important d’étudier le mode de rémunération du factor : pourcentage sur le montant des factures ou commissions. En outre, il est également important de vérifier qu’il n’y a aucuns frais cachés ou des frais supplémentaires pour les services annexes. Ebnnfin, le coût doit être proportionnel aux services. Trop élevé ou trop bas, il faut passer son chemin.

Que se passe-t-il en cas d’impayé ?

Quelle que soit la cause des impayés : client insolvable, défaillance de l’entreprise… et malgré les nombreuses relances, si la société d’affacturage ne parvient pas à se faire payer, trois possibilités peuvent se présenter :

  • Le factor puise dans le fonds de garantie qu’il a constitué pour se faire rembourser les sommes qu’il a avancées
  • Si le contrat d’affacturage est un contrat en full factoring, le factor prend entièrement en charge les pertes sur la ou les factures impayées
  • Si l’entreprise a souscrit une assurance-crédit avec une délégation de bénéfice des indemnités des impayés au profit du factor, c’est l’assureur qui prend en charge tout ou une partie des impayés en fonction de votre contrat.